Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Des images de la panique lors de la fusillade à Sousse Une vidéo amateur montre l’intervention des forces tunisiennes à Sousse Tunisie : sur les lieux de l'attentat de Sousse Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Quelles sont les racines de la division en Libye ? Centrafrique : « Pour que les jeunes déposent les armes, il faut de l’argent » Le Bois-Dormoy, refuge des migrants expulsés de La Chapelle Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Quelles sont les racines de la division en Libye ? Centrafrique : « Pour que les jeunes déposent les armes, il faut de l’argent » Le Bois-Dormoy, refuge des migrants expulsés de La Chapelle Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Centrafrique : « Pour que les jeunes déposent les armes, il faut de l’argent » Le Bois-Dormoy, refuge des migrants expulsés de La Chapelle La Libye arrête plus de 750 migrants illégaux Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le procureur général d'Egypte tué dans un attentat Tunisie : les proches du tueur dans l'incompréhension Des images de la panique lors de la fusillade à Sousse Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Des images de la panique lors de la fusillade à Sousse Une vidéo amateur montre l’intervention des forces tunisiennes à Sousse Tunisie : sur les lieux de l'attentat de Sousse Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Madagascar : incidents entre des policiers et des députés Fast-foods africains : les recettes du succès Explosion mortelle dans une station-service au Ghana Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Explosion mortelle dans une station-service au Ghana Le blues du désert du groupe malien Songhoy Blues VIH, Ebola : Peter Piot dénonce « une faillite de la gouvernance mondiale de la santé » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Explosion mortelle dans une station-service au Ghana Le blues du désert du groupe malien Songhoy Blues VIH, Ebola : Peter Piot dénonce « une faillite de la gouvernance mondiale de la santé » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Explosion mortelle dans une station-service au Ghana Le blues du désert du groupe malien Songhoy Blues VIH, Ebola : Peter Piot dénonce « une faillite de la gouvernance mondiale de la santé » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Exhumation de Sankara : « Ça nous renvoie à la tragédie » Nouvelles manifestations au Burundi Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Explosion mortelle dans une station-service au Ghana Le blues du désert du groupe malien Songhoy Blues VIH, Ebola : Peter Piot dénonce « une faillite de la gouvernance mondiale de la santé » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : les autorités se battent contre les sacrifices d’enfants lors de rituels En Centrafrique, la reconstruction d’une mosquée réunit chrétiens et musulmans Quelles sont les racines de la division en Libye ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Tunisie : sur les lieux de l'attentat de Sousse Ouganda : les autorités se battent contre les sacrifices d’enfants lors de rituels En Centrafrique, la reconstruction d’une mosquée réunit chrétiens et musulmans Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Exhumation de Sankara : « Ça nous renvoie à la tragédie » Nouvelles manifestations au Burundi Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : les autorités se battent contre les sacrifices d’enfants lors de rituels En Centrafrique, la reconstruction d’une mosquée réunit chrétiens et musulmans Quelles sont les racines de la division en Libye ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La Libye arrête plus de 750 migrants illégaux Madagascar : incidents entre des policiers et des députés Fast-foods africains : les recettes du succès Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : les autorités se battent contre les sacrifices d’enfants lors de rituels En Centrafrique, la reconstruction d’une mosquée réunit chrétiens et musulmans Quelles sont les racines de la division en Libye ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : les autorités se battent contre les sacrifices d’enfants lors de rituels En Centrafrique, la reconstruction d’une mosquée réunit chrétiens et musulmans Quelles sont les racines de la division en Libye ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Centrafrique, la reconstruction d’une mosquée réunit chrétiens et musulmans Quelles sont les racines de la division en Libye ? Centrafrique : « Pour que les jeunes déposent les armes, il faut de l’argent » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Quelles sont les racines de la division en Libye ? Centrafrique : « Pour que les jeunes déposent les armes, il faut de l’argent » Le Bois-Dormoy, refuge des migrants expulsés de La Chapelle Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le procureur général d'Egypte tué dans un attentat Tunisie : les proches du tueur dans l'incompréhension Des images de la panique lors de la fusillade à Sousse Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Centrafrique, la reconstruction d’une mosquée réunit chrétiens et musulmans Quelles sont les racines de la division en Libye ? Centrafrique : « Pour que les jeunes déposent les armes, il faut de l’argent » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter FIFA : Joseph Blatter annonce sa démission Exhumation de Sankara : « Ça nous renvoie à la tragédie » Nouvelles manifestations au Burundi Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Explosion mortelle dans une station-service au Ghana Le blues du désert du groupe malien Songhoy Blues VIH, Ebola : Peter Piot dénonce « une faillite de la gouvernance mondiale de la santé » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Tokyo Sexwale, candidat à la présidence de la FIFA, promet « la transparence » Goncourt 2015 à Tunis : un acte « symbolique » pour Bernard Pivot Présidentielle en Tanzanie : les sorciers se frottent les mains Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : "Le président Alpha Condé n'a pas réussi à désethniciser le paysage politique" Présidentielle en Guinée : le candidat Cellou Dalein Diallo en deux minutes Présidentielle en Guinée : Alpha Condé en deux minutes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L'île de Mozambique sort (enfin) de sa torpeur Guinée : "Le président Alpha Condé n'a pas réussi à désethniciser le paysage politique" Présidentielle en Guinée : le candidat Cellou Dalein Diallo en deux minutes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Tanzanie : comprendre les enjeux de la présidentielle en 4 minutes J’ai quitté l’Europe pour le Mali Libye : six corps découverts sur une plage près de Tripoli Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : "Le président Alpha Condé n'a pas réussi à désethniciser le paysage politique" Présidentielle en Guinée : le candidat Cellou Dalein Diallo en deux minutes Présidentielle en Guinée : Alpha Condé en deux minutes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L’ibadisme, l’autre voie de l’islam Kenya : des quartiers de Nairobi sous les eaux Tanzanie : annulation du scrutin présidentiel à Zanzibar Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L’ibadisme, l’autre voie de l’islam Kenya : des quartiers de Nairobi sous les eaux Tanzanie : annulation du scrutin présidentiel à Zanzibar Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L’Ogogoro, l’eau-de-vie qui tue les Nigérians Congo : l’opposition rejette les résultats du référendum Tokyo Sexwale, candidat à la présidence de la FIFA, promet « la transparence » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Présidentielle en Guinée : Alpha Condé en deux minutes Session de rodéo automobile en Afrique du Sud Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Afrique du Sud : la quête de rédemption d’un ancien ministre raciste Le Sénégal a désormais son vin Burkina Faso : le président Kafando visite la caserne des ex-putschistes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : le président Kafando visite la caserne des ex-putschistes Swaziland : Pashu, la princesse qui rappe Corruption : le ras-le-bol des Sud-Africains Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : comprendre l’élection présidentielle en cinq minutes Burkina Faso : cérémonie de désarmement des ex-putschistes Burkina Faso : cérémonie de désarmement du régiment putschiste Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Corruption : le ras-le-bol des Sud-Africains Côte d’Ivoire : Ouattara appelle au pardon dans le fief de Gbagbo Homosexualité en Tunisie : « Le test anal est une atteinte à la dignité fondamentale de l’être humain » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : le président Kafando visite la caserne des ex-putschistes Swaziland : Pashu, la princesse qui rappe Corruption : le ras-le-bol des Sud-Africains Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : comment gagner sa vie quand on est jeune et au chômage Les Prix Nobel de la paix tunisiens rencontrent François Hollande La Centrafrique : une crise sans fin Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Libye : six corps découverts sur une plage près de Tripoli A Yopougon, on vote encore Laurent Gbagbo Afrique du Sud : des manifestations étudiantes réprimées violemment Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Présidentielle en Tanzanie : les sorciers se frottent les mains Présidentielle en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara en 2 minutes Tanzanie : comprendre les enjeux de la présidentielle en 4 minutes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : le président Kafando visite la caserne des ex-putschistes Swaziland : Pashu, la princesse qui rappe Corruption : le ras-le-bol des Sud-Africains Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Présidentielle en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara en 2 minutes Tanzanie : comprendre les enjeux de la présidentielle en 4 minutes J’ai quitté l’Europe pour le Mali Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : "Le président Alpha Condé n'a pas réussi à désethniciser le paysage politique" Présidentielle en Guinée : le candidat Cellou Dalein Diallo en deux minutes Présidentielle en Guinée : Alpha Condé en deux minutes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Michel Thierry Atangana : « La France m’a abandonné aux mains du pouvoir camerounais pendant quinze longues années » Sauvetage en mer et naissance d’un bébé à bord d’un bateau MSF Congo : « Nous allons marcher sur le palais présidentiel » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : comment gagner sa vie quand on est jeune et au chômage Les Prix Nobel de la paix tunisiens rencontrent François Hollande La Centrafrique : une crise sans fin Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Congo : « Nous allons marcher sur le palais présidentiel » Stromae en mégastar au Rwanda Guinée : comment gagner sa vie quand on est jeune et au chômage Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Présidentielle en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara en 2 minutes Tanzanie : comprendre les enjeux de la présidentielle en 4 minutes J’ai quitté l’Europe pour le Mali Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L'héritage du musicien nigérian Fela Kuti célébré à Lagos L'île de Mozambique sort (enfin) de sa torpeur Guinée : "Le président Alpha Condé n'a pas réussi à désethniciser le paysage politique" Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L'île de Mozambique sort (enfin) de sa torpeur Guinée : "Le président Alpha Condé n'a pas réussi à désethniciser le paysage politique" Présidentielle en Guinée : le candidat Cellou Dalein Diallo en deux minutes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stromae en mégastar au Rwanda Guinée : comment gagner sa vie quand on est jeune et au chômage Les Prix Nobel de la paix tunisiens rencontrent François Hollande Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Tanzanie : annulation du scrutin présidentiel à Zanzibar Côte d’Ivoire : N’Guessan « prend acte » de la victoire de Ouattara L’Ogogoro, l’eau-de-vie qui tue les Nigérians Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : comment gagner sa vie quand on est jeune et au chômage Les Prix Nobel de la paix tunisiens rencontrent François Hollande La Centrafrique : une crise sans fin Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : le président Kafando visite la caserne des ex-putschistes Swaziland : Pashu, la princesse qui rappe Corruption : le ras-le-bol des Sud-Africains Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : comprendre l’élection présidentielle en cinq minutes Burkina Faso : cérémonie de désarmement des ex-putschistes Burkina Faso : cérémonie de désarmement du régiment putschiste Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Ghana : après le pétrole, le gaz nouvelle malédiction pour les pêcheurs Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste L'Abissa, la fête qui réconcilie les Ivoiriens Acha Leke, cofondateur de l’African Leadership Network : « Nous voulons ouvrir 25 universités en Afrique » Sierra Leone : « Avec la fin d’Ebola, les investisseurs vont pouvoir revenir » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sierra Leone : « Avec la fin d’Ebola, les investisseurs vont pouvoir revenir » OCP : qui se cache derrière le géant du phosphate marocain ? Afrique du Sud : un Danois jugé pour avoir mutilé des femmes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Un avion-cargo russe s'écrase au Soudan du Sud Afrique du Sud : crise oblige, l’industrie minière contrainte de se réorganiser *RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / RUSSIA'S EMERGENCY MINISTRY" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS * Pourquoi le Sinaï est-il devenu un refuge pour cellules djihadistes ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sierra Leone : « Avec la fin d’Ebola, les investisseurs vont pouvoir revenir » OCP : qui se cache derrière le géant du phosphate marocain ? Afrique du Sud : un Danois jugé pour avoir mutilé des femmes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L’ibadisme, l’autre voie de l’islam Kenya : des quartiers de Nairobi sous les eaux Tanzanie : annulation du scrutin présidentiel à Zanzibar Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter OCP : qui se cache derrière le géant du phosphate marocain ? Afrique du Sud : un Danois jugé pour avoir mutilé des femmes Un avion-cargo russe s'écrase au Soudan du Sud Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Debris belonging to the A321 Russian airliner are seen at the site of the crash in Wadi el-Zolmat, a mountainous area in Egypt's Sinai Peninsula on November 1, 2015. International investigators began probing why a Russian airliner carrying 224 people crashed in Egypt's Sinai Peninsula, killing everyone on board, as rescue workers widened their search for missing victims. AFP PHOTO / KHALED DESOUKI Crash dans le Sinaï : un « dysfonctionnement technique » exclu Somalie : au moins 12 morts dans l’attaque d’un grand hôtel L’ibadisme, l’autre voie de l’islam Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Ghana : après le pétrole, le gaz nouvelle malédiction pour les pêcheurs Mali : recherche désespérément jeunes au village Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Comment le terrorisme creuse son sillon en Tunisie Les papes, superstars en Afrique depuis 1969 Attentat à Tunis : quelle est la situation sur place ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nigeria : il y a vingt ans, l’exécution de Ken Saro-Wiwa, militant écologiste En Libye, les gardes-côtes dépassés par l’afflux de migrants Egypte : après l’accident d’un avion russe, une crise du tourisme à prévoir Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Afrique du Sud : crise oblige, l’industrie minière contrainte de se réorganiser *RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / RUSSIA'S EMERGENCY MINISTRY" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS * Pourquoi le Sinaï est-il devenu un refuge pour cellules djihadistes ? Pourquoi le conflit au Sahara occidental dure-t-il depuis 40 ans ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sierra Leone : « Avec la fin d’Ebola, les investisseurs vont pouvoir revenir » OCP : qui se cache derrière le géant du phosphate marocain ? Afrique du Sud : un Danois jugé pour avoir mutilé des femmes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les lampes solaires illuminent le Cameroun A quoi sert la Cédéao ? Les images de l’explosion dans une mosquée de Sanaa au Yémen Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Un terrien sur trois vivra en Afrique à la fin du siècle Affaire Laurent - Graciet vue du Maroc : « La presse française doit faire son mea culpa » Les Pygmées bravent les discriminations au Congo Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Quand Thomas Piketty analyse la croissance africaine Burkina Faso : « La transition est de retour » Burkina Faso : « Nous discutons mais nous ne sommes pas prêts au désarmement » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Un terrien sur trois vivra en Afrique à la fin du siècle Affaire Laurent - Graciet vue du Maroc : « La presse française doit faire son mea culpa » Les Pygmées bravent les discriminations au Congo Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Côte d’Ivoire : Ouattara appelle au pardon dans le fief de Gbagbo Homosexualité en Tunisie : « Le test anal est une atteinte à la dignité fondamentale de l’être humain » Le président du Zimbabwe à l’Onu : « Nous ne sommes pas gays » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Togo : danses et transe pour le nouvel an vaudou Les lampes solaires illuminent le Cameroun A quoi sert la Cédéao ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Affaire Laurent - Graciet vue du Maroc : « La presse française doit faire son mea culpa » Les Pygmées bravent les discriminations au Congo Plus de 100 migrants secourus par les garde-côtes libyens Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Plus de 100 migrants secourus par les garde-côtes libyens Les Grands Moyens (5/5) : des concombres de mer pour lutter contre la pauvreté à Madagascar Chez cet ingénieur congolais, les champignons poussent dans des sacs Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les Pygmées bravent les discriminations au Congo Plus de 100 migrants secourus par les garde-côtes libyens Les Grands Moyens (5/5) : des concombres de mer pour lutter contre la pauvreté à Madagascar Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter RDC : les albinos en quête de reconnaissance En Afrique du Sud, l’élevage d’animaux sauvages aiguise les appétits Naufrages et drame en Méditerranée Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Plus de 100 migrants secourus par les garde-côtes libyens Les Grands Moyens (5/5) : des concombres de mer pour lutter contre la pauvreté à Madagascar Chez cet ingénieur congolais, les champignons poussent dans des sacs Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Lionel Zinsou : « L’Afrique migre vers l’Afrique. Et non vers l’Europe » Kenya : Google Street View piste désormais aussi les éléphants La destitution de Michel Kafando annoncée à la télévison burkinabée Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina: « Nous sommes prêts à mourir pour libérer le pays de ces diables » Burkina Faso : les médiateurs ne convainquent pas Kenya, deux ans après l’attentat du Westgate : « Ils ont tué 67 personnes, mais pas notre esprit » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les lampes solaires illuminent le Cameroun A quoi sert la Cédéao ? Les images de l’explosion dans une mosquée de Sanaa au Yémen Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Chez cet ingénieur congolais, les champignons poussent dans des sacs RDC : les albinos en quête de reconnaissance En Afrique du Sud, l’élevage d’animaux sauvages aiguise les appétits Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Plusieurs centaines de morts dans une bousculade à La Mecque Quand Thomas Piketty analyse la croissance africaine Burkina Faso : « La transition est de retour » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Affaire Laurent - Graciet vue du Maroc : « La presse française doit faire son mea culpa » Les Pygmées bravent les discriminations au Congo Plus de 100 migrants secourus par les garde-côtes libyens Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : les médiateurs ne convainquent pas Kenya, deux ans après l’attentat du Westgate : « Ils ont tué 67 personnes, mais pas notre esprit » Hollande au Maroc : la visite de la réconciliation après la brouille diplomatique Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Faux médicaments : un commerce illégal 20 à 45 fois plus rentable que le trafic de drogue Burkina Faso : Gilbert Diendéré promet des élections « rapidement » Lionel Zinsou : « L’Afrique migre vers l’Afrique. Et non vers l’Europe » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Comprendre la crise au Burkina Faso en 3 minutes Burkina Faso : « La situation peut dégénérer à tout moment » Faux médicaments : un commerce illégal 20 à 45 fois plus rentable que le trafic de drogue Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les lampes solaires illuminent le Cameroun A quoi sert la Cédéao ? Les images de l’explosion dans une mosquée de Sanaa au Yémen Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Swaziland : des femmes vierges participent à la Danse des roseaux A Addis Abeba, un nouvel incubateur pour les geeks éthiopiens Benedict Daswa, premier martyr sud-africain, a été béatifié Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Swaziland : des femmes vierges participent à la Danse des roseaux A Addis Abeba, un nouvel incubateur pour les geeks éthiopiens Benedict Daswa, premier martyr sud-africain, a été béatifié Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Comprendre la crise au Burkina Faso en 3 minutes Burkina Faso : « La situation peut dégénérer à tout moment » Faux médicaments : un commerce illégal 20 à 45 fois plus rentable que le trafic de drogue Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le président du Zimbabwe à l’Onu : « Nous ne sommes pas gays » Togo : danses et transe pour le nouvel an vaudou Les lampes solaires illuminent le Cameroun Le géant de l'électronique japonais Sony, contraint de faire des économies, ne va pas renouveler son contrat de parrainage avec la Fédération internationale de football (FIFA), affirment mardi 25 novembre des médias nippons.« Sony va cesser de sponsoriser la coupe du monde de foot », titre le quotidien économique Nikkei mardi 25  novembre, imité pas la chaîne de télévision publique NHK.Il s'agirait pour la FIFA de la perte d'un deuxième de ses principaux parraineurs, puisque le 4 novembre, la compagnie aérienne Emirates avait annoncé la fin de son partenariat après 2014.Sony, qui fait aussi la promotion du ballon rond à travers les jeux vidéo, avait signé pour huit années, jusqu'à 2014, pour le financement des diverses compétitions organisées par la FIFA, mais arrivant au terme de cet engagement d'un montant de 33 milliards de yens (225 millions d'euros), l'entreprise, en pleine restructuration, aurait décidé de ne pas poursuivre. Le fleuron de la technologie nippone n'a pas voulu commenter ces informations.La FIFA choisit ses sponsors dans six grandes catégories englobant divers secteurs d'activité, dont « la vie numérique », qui comprend l'électronique. La place laissée par Sony pourrait être reprise par son rival sud-coréen Samsung Electronics. Sony, ancré dans le rouge, est forcé de faire des choix et de restreindre ses dépenses, d'autant plus que, pour la première fois cette année, le groupe a décidé de priver ses actionnaires de dividendes.Lire aussi : « PES » contre « FIFA » : revivez vingt ans de match en pseudo-live Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Algérie : réactions au limogeage du général Toufik Swaziland : des femmes vierges participent à la Danse des roseaux A Addis Abeba, un nouvel incubateur pour les geeks éthiopiens Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les Grands Moyens (5/5) : des concombres de mer pour lutter contre la pauvreté à Madagascar Chez cet ingénieur congolais, les champignons poussent dans des sacs RDC : les albinos en quête de reconnaissance Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les Pygmées bravent les discriminations au Congo Plus de 100 migrants secourus par les garde-côtes libyens Les Grands Moyens (5/5) : des concombres de mer pour lutter contre la pauvreté à Madagascar Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le cri de colère poussé contre Amazon dimanche 10 août par 900 écrivains américains dans les colonnes du New York Times a trouvé un écho favorable en France, où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, contactée par Le Monde, mène de son propre aveu un « combat » contre le distributeur en ligne.Lire (édition abonnés) : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonUne coalition d'auteurs a dénoncé dans une publicité de deux pages les pratiques de la firme de Seattle. Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec Hachette, qui refuse de casser les prix des livres numériques sur le marché américain. En retour, Amazon pratique des mesures de rétorsion contre la maison d'édition française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression des éventuelles réductions sur les livres.« UNE ATTEINTE INACCEPTABLE »La ministre de la culture avait déjà fustigé en mai le « chantage » pratiqué selon elle par Amazon sur ce dossier. Aurélie Filippetti se trouve aujourd'hui confortée par la sortie des auteurs américains. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon, dit-elle. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale. » La ministre se défend de venir spécifiquement en aide à la filiale du groupe Lagardère. « Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier », précise-t-elle.Lire aussi : En guerre commerciale avec Hachette, Amazon courtise les écrivainsDepuis son arrivée Rue de Valois en mai 2012, Mme Filippetti ne cesse d'ouvrir des fronts contre le géant américain. En juin 2013, elle s'élevait déjà contre la politique du groupe, l'accusant de recourir à des « pratiques (…) destructrices d'emploi, destructrices de culture, destructrices de lien social » qui font « mourir les petites librairies dans les centres-villes ». Elle appelait alors Amazon à « payer ses impôts » en France, le siège européen du site Internet étant situé au Luxembourg. Une enquête fiscale a été ouverte à ce sujet, ainsi qu'au Royaume-Uni.Cette lutte s'est concrétisée le 10 juillet avec l'entrée en vigueur de la loi sur le prix des livres sur Internet, dite loi « anti-Amazon ». Ce texte, déposé par l'UMP et soutenu par la majorité, supprime la possibilité pour les sites de vente en ligne de cumuler la réduction de 5 % sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Une mesure dirigée contre la firme américaine, qui a réagi en fixant ses frais de port à hauteur de… 1 centime.Lire aussi : La loi « anti-Amazon » votée par le Parlement« COMBAT MODERNE »« Nous n'avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C'était un combat politique, se défend Mme Filippetti. Nous savions qu'ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l'argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d'Amazon. »Un temps esseulée, la Commission européenne voyant cette croisade d'un mauvais œil, la ministre de la culture a trouvé du soutien du côté de l'Allemagne, où le syndicat des libraires et éditeurs a déposé une plainte antitrust contre Amazon, avec l'appui du gouvernement. Bruxelles a ouvert une enquête à la suite de cette plainte.« Cela montre que nous ne sommes pas dans le combat du village gaulois contre l'ogre américain. C'est un combat global contre une mise en péril de l'écosystème du livre. La France n'est pas seule », veut croire Mme Filippetti. « Nous sommes à la pointe d'un combat moderne contre des pratiques qui ressemblent au XIXe siècle, contre le monde des grands trusts et de la concentration, ajoute-t-elle avec emphase. Ce n'est pas parce que l'on parle de numérique que l'on est moderne. »Olivier FayeJournaliste au Monde Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l'américain Sprint, troisième acteur du pays, à Iliad, maison mère de Free, pour le rachat de T-Mobile US, le quatrième opérateur mobile américain.Comme l'a révélé le Wall Street Journal, Sprint renoncerait à racheter son concurrent. Le feu vert des autorités de régulation en cas de mariage entre le troisième et le quatrième acteur du pays serait, selon ses dirigeants, beaucoup trop difficile à obtenir. Une annonce officielle devait être faite mercredi 6 août.RÉTICENCE DES AUTORITÉS DE RÉGULATION AMÉRICAINEVoilà plusieurs mois déjà que la société lorgne la filiale américaine de Deutsche Telekom. Les termes d'un potentiel accord à 40 dollars par action (un peu moins de 30 euros) avaient même été divulgués. Le mariage avec T-Mobile US était l'une des priorités de Masayoshi Son, le patron du groupe de télécoms japonais Softbank, qui détient la majorité du capital de Sprint depuis 2013.L'homme d'affaires japonais désirait constituer un opérateur capable de rivaliser avec les deux mastodontes du secteur, AT & T et Verizon, qui contrôlent à eux seuls 70 % du marché américain (plus de 100 millions d'abonnés chacun).Las, les autorités de régulation américaines ont plusieurs fois exprimé leur réticence au passage de quatre à trois opérateurs nationaux, alors même que les prix des forfaits téléphoniques figurent déjà parmi les plus élevés au monde.LA PROPOSITION DE FREE JUGÉE TROP BASSEA première vue, le retrait de Sprint est une bonne nouvelle pour Iliad. Le groupe fondé par Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) se retrouve aujourd'hui seul dans la course. Et ce, alors que son offre, à 33 dollars sur 56,6 % du capital de T-Mobile US (15 milliards de dollars au total), est moins généreuse que celle de l'Américain. Une situation que le propriétaire de T-Mobile, Deutsche Telekom, n'a pas manqué de relever. Selon des sources proches du dossier citées par la presse américaine, les dirigeants de l'opérateur allemand jugent la proposition du français beaucoup trop basse. Ils s'apprêtaient même, selon la presse américaine, à la rejeter avant d'apprendre le retrait de Sprint. « Pas assez sérieuse pour faire oublier Sprint », aurait soufflé un allemand à l'agence de presse Reuters. « Il reste beaucoup de points d'interrogation », aurait-il ajouté.Le décryptage : Comment Free veut conquérir l'AmériqueReste que la donne est aujourd'hui radicalement différente, d'autant qu'Iliad n'a pas dit son dernier mot. D'après le Financial Times du mardi 5 août, citant trois sources proches du dossier, le groupe français serait entré en discussion avec des investisseurs afin d'augmenter sa mise.POKER ENTRE ILIAD ET DEUTSCHE TELEKOMSelon le quotidien financier, M. Niel aurait contacté des câblo-opérateurs et des opérateurs de satellites américains, à savoir Dish Networks, Cox Communications et Charter Communications. Toujours selon le Financial Times, Iliad discuterait également avec des fonds de pension tels que l'Ontario Teachers Pension Plan et des fonds souverains, dont le singapourien GIC.Mais, selon d'autres sources, Iliad n'aurait en vérité pas l'intention de relever son offre pour le moment. Faisant jouer la montre afin que l'allemand, sans alternative, se tourne vers lui.Lire aussi (en édition abonnés) : Avec l'offensive de Free sur T-Mobile, Wall Street découvre Xavier NielDe son côté, Deutsche Telekom affirme ne pas être pressé – du moins, officiellement. Le groupe pourrait ainsi attendre que d'autres acheteurs potentiels se manifestent. En somme, une véritable partie de poker s'ouvre entre les deux groupes… « Trente-trois dollars ne me semblent vraiment pas une offre acceptable en l'état, constate un analyste, et ce même s'ils sont seuls en lice. »Pour faire céder Deutsche Telekom, cet expert estime qu'il faudrait une prime d'à peu près 10 %, soit 36 ou 38 dollars l'action. T-Mobile US est en effet un actif en croissance dont l'opérateur allemand n'a aucun intérêt à se débarrasser en dessous d'un certain montant.BESOIN D'UN PARTENAIRE EXTÉRIEUR« Il y a quatre ans, ils vendaient à n'importe quel prix, aujourd'hui ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. D'autant qu'ils peuvent dégager du cash par ailleurs et garder encore un peu la filiale américaine sous leur giron en attendant que quelqu'un d'autre se manifeste », explique l'expert. Pour autant, les analystes ne voient pas vraiment qui pourrait se manifester aujourd'hui en dehors d'Iliad pour racheter T-Mobile US.Si d'aventure Iliad décidait de remonter son offre, il ne pourrait pas, selon les experts, le faire tout seul, sans partenaire extérieur. « Même s'ils sont ultrarentables, une offre à 38 dollars les mettrait dans une situation d'endettement intenable compte tenu des investissements qu'il leur reste à faire en France », estime un observateur.Lire aussi : La fusion T-Mobile et Free en chiffresSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Iliad, maison mère de Free, est candidate au rachat de l'opérateur américain T-Mobile.L'opérateur, qui détient 12 % du marché aux Etats-Unis, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars (18 milliards d'euros), pour un résultat net de 35 millions de dollars. Sa capitalisation boursière s'élève à 25 milliards de dollars et la société employait, fin 2013, 38 000 personnes.Free a 12 % de parts de marché en France et 13,7 millions d'abonnés fixe et mobile. La société, qui emploie 6 500 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros en 2013 (en augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente), avec un résultat net qui s'élève à 265 millions d'euros. En Bourse, la société pèse 12 milliards d'euros. Lire : Free veut racheter T-Mobile, l'opérateur qui a dynamité la téléphonie mobile aux Etats-Unis La société française Iliad (dont le PDG, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre privé) a confirmé avoir déposé une offre de rachat pour l'opérateur téléphonique T-Mobile US, peu après la diffusion de cette information par Wall Street Journal.Dans les faits, Iliad propose 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour acquérir 56,6 % de T-Mobile – soit 33,00 dollars par action – et promet au moins 10 milliards de dollars de synergies.Jeudi 31 juillet, T-Mobile US a brièvement cessé d'émettre en Bourse. Mais à l'heure actuelle, rien ne garantit que l'offre sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe dans un communiqué.>> Lire les explications de notre correspondant : Iliad a proposé de racheter T-Mobile« SOUTIEN DE BANQUES INTERNATIONALES »L'offre vient contrecarrer les projets de Sprint, autre opérateur téléphonique américain, qui, selon des sources cités par la presse américaine, avait jusqu'ici prévu de lancer en septembre une offre pour T-Mobile US. Iliad estime qu'il possède un avantage face à une potentielle offre de Sprint du point de vue des autorités de la concurrence américaines.Le Wall Street Journal s'étonne néanmoins des poids relatifs des deux groupes, soulignant que T-Mobile pèse 24,8 milliards de dollars quand son possible racheteur ne représente que 16 milliards de dollars. Mais le groupe a expliqué, dans un communiqué, avoir« Le soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital. ». Salif Keïta: « Nous, les albinos, avons besoin d’amour » La dernière malade d’Ebola en Sierra Leone est guérie En Côte d’Ivoire, le spectre d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La Côte d’Ivoire pas près d’en finir avec le blanchiment de la peau Mali : retour sur les lieux de la prise d’otages Ouganda : Gay Pride sur les rives du lac Victoria Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Algérie : le mont qui exauce les voeux La Côte d’Ivoire pas près d’en finir avec le blanchiment de la peau Mali : retour sur les lieux de la prise d’otages Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Côte d’Ivoire, le spectre d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Au Niger, toujours plus de cancers du sein et de l’utérus recensés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La Côte d’Ivoire pas prête d’en finir avec le blanchiment de la peau Mali : retour sur les lieux de la prise d’otages Ouganda : Gay Pride sur les rives du lac Victoria Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter RDC : les albinos en quête de reconnaissance En Afrique du Sud, l’élevage d’animaux sauvages aiguise les appétits Naufrages et drame en Méditerranée Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Naufrages et drame en Méditerranée Au Gabon, les hommes se refont une beauté Les Grands Moyens (4/5) : au Bénin, la success story d’Agrisatch, le roi de la volaille Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Au Gabon, les hommes se refont une beauté Les Grands Moyens (4/5) : au Bénin, la success story d’Agrisatch, le roi de la volaille Sauvetage spectaculaire de migrants au large des côtes libyennes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yémen : bilan des affrontements après quatre mois de conflit Images du naufrage au large de la Libye Les Grands Moyens (1/5) : une PME mauritanienne apporte eau et électricité aux populations rurales Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Côte d’Ivoire : ces femmes qui exercent des métiers « d’hommes » Sénégal : et si on surfait à Dakar ? En Tanzanie, les tout-petits apprennent à compter grâce à un dessin animé Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guinée : la ruée vers l’or des jeunes diplômés Égypte : inauguration du nouveau canal de Suez Yémen : bilan des affrontements après quatre mois de conflit Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sénégal : et si on surfait à Dakar ? En Tanzanie, les tout-petits apprennent à compter grâce à un dessin animé Afrique du Sud : la success story d’une bière artisanale de Soweto Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les Grands Moyens (1/5) : une PME mauritanienne apporte eau et électricité aux populations rurales Côte d’Ivoire : ces femmes qui exercent des métiers « d’hommes » Sénégal : et si on surfait à Dakar ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les Grands Moyens (3/5) : sauver la mère et l’enfant, l’ambition de NEST, une PME sénégalaise. Algérie : le mont qui exauce les voeux La Côte d’Ivoire pas près d’en finir avec le blanchiment de la peau Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Côte d’Ivoire, le spectre d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Au Niger, toujours plus de cancers du sein et de l’utérus recensés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La dernière malade d’Ebola en Sierra Leone est guérie En Côte d’Ivoire, le spectre d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sénégal : et si on surfait à Dakar ? En Tanzanie, les tout-petits apprennent à compter grâce à un dessin animé Afrique du Sud : la success story d’une bière artisanale de Soweto Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Côte d’Ivoire, le spectre d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Au Niger, toujours plus de cancers du sein et de l’utérus recensés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mali : retour sur les lieux de la prise d’otages Ouganda : Gay Pride sur les rives du lac Victoria Les Grands Moyens (2/5) : des vélos pour récolter les déchets à Lagos, la bonne idée de « Wecylers » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Côte d’Ivoire, le spectre d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Au Niger, toujours plus de cancers du sein et de l’utérus recensés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Au Niger, toujours plus de cancers du sein et de l’utérus recensés Les Grands Moyens (3/5) : sauver la mère et l’enfant, l’ambition de NEST, une PME sénégalaise. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Côte d’Ivoire, le spectre d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Au Niger, toujours plus de cancers du sein et de l’utérus recensés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Côte d’Ivoire, le spectre d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Au Niger, toujours plus de cancers du sein et de l’utérus recensés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Algérie : le mont qui exauce les voeux La Côte d’Ivoire pas près d’en finir avec le blanchiment de la peau Mali : retour sur les lieux de la prise d’otages Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Algérie : le mont qui exauce les voeux La Côte d’Ivoire pas près d’en finir avec le blanchiment de la peau Mali : retour sur les lieux de la prise d’otages Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Au Botswana, la détresse des agriculteurs frappés par la sécheresse. Au Niger, toujours plus de cancers du sein et de l’utérus recensés Les Grands Moyens (3/5) : sauver la mère et l’enfant, l’ambition de NEST, une PME sénégalaise. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Naufrages et drame en Méditerranée Au Gabon, les hommes se refont une beauté Les Grands Moyens (4/5) : au Bénin, la success story d’Agrisatch, le roi de la volaille Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Algérie : le mont qui exauce les voeux La Côte d’Ivoire pas près d’en finir avec le blanchiment de la peau Mali : retour sur les lieux de la prise d’otages Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Côte d’Ivoire : ces femmes qui exercent des métiers « d’hommes » Sénégal : et si on surfait à Dakar ? En Tanzanie, les tout-petits apprennent à compter grâce à un dessin animé Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Égypte : inauguration du nouveau canal de Suez Yémen : bilan des affrontements après quatre mois de conflit Images du naufrage au large de la Libye Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter « Le paludisme, c'est aussi 12 milliards de dollars perdus chaque année par l'Afrique » Afrique du Sud : des milliers de personnes défilent contre la xénophobie Où les espèces invasives causent-elles le plus de dégâts ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : comment réaliser un long-métrage avec moins de 200 dollars Le Mali reconstruit les mausolées de Tombouctou détruits par les djihadistes Afrique du Sud : des étudiants font déboulonner la statue d'un colonisateur britannique Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : comment réaliser un long-métrage avec moins de 200 dollars Le Mali reconstruit les mausolées de Tombouctou détruits par les djihadistes Afrique du Sud : des étudiants font déboulonner la statue d'un colonisateur britannique Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Johannesburg : descente de police après les violences xénophobes 220 nouveaux migrants débarquent à Catane Ethiopie : violences en marge d'une manifestation contre l'Etat islamique Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : comment réaliser un long-métrage avec moins de 200 dollars Le Mali reconstruit les mausolées de Tombouctou détruits par les djihadistes Afrique du Sud : des étudiants font déboulonner la statue d'un colonisateur britannique Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L'armée s'exprime sur les soupçons de viols en Centrafrique Hollande sera « implacable » si les viols en Centrafrique sont avérés Le Burundi coupe la radio la plus populaire du pays Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le Burundi coupe la radio la plus populaire du pays Comprendre le jeu politique en Côte d’Ivoire en 4 minutes « Le paludisme, c'est aussi 12 milliards de dollars perdus chaque année par l'Afrique » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter « Le climat xénophobe affecte toutes les couches de l'Afrique du Sud » Afrique du Sud : manifestation contre le racisme à Durban Côte d'Ivoire : « l'entrepreneuriat est la véritable solution contre le chômage des jeunes » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Libye : « Même si je n'ai qu'une chance sur cent de traverser, je la tente » Naufrage de migrants en Méditerranée : des images du sauvetage Naufrage de migrants en Méditerranée : 28 rescapés arrivent en Sicile Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter « Le paludisme, c'est aussi 12 milliards de dollars perdus chaque année par l'Afrique » Afrique du Sud : des milliers de personnes défilent contre la xénophobie Où les espèces invasives causent-elles le plus de dégâts ? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Afrique du Sud : des milliers de personnes défilent contre la xénophobie Où les espèces invasives causent-elles le plus de dégâts ? Johannesburg : descente de police après les violences xénophobes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : comment réaliser un long-métrage avec moins de 200 dollars Le Mali reconstruit les mausolées de Tombouctou détruits par les djihadistes Afrique du Sud : des étudiants font déboulonner la statue d'un colonisateur britannique Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Libye : « Même si je n'ai qu'une chance sur cent de traverser, je la tente » Naufrage de migrants en Méditerranée : des images du sauvetage Naufrage de migrants en Méditerranée : 28 rescapés arrivent en Sicile Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter « Le climat xénophobe affecte toutes les couches de l'Afrique du Sud » Afrique du Sud : manifestation contre le racisme à Durban Côte d'Ivoire : « l'entrepreneuriat est la véritable solution contre le chômage des jeunes » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Côte d'Ivoire, le reggaeman Alpha Blondy devient conteur Nigeria : défilé de jeunes filles un an après l'enlèvement de 200 lycéennes par Boko Haram Guinée : images des violentes manifestations à Conakry Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nigeria : défilé de jeunes filles un an après l'enlèvement de 200 lycéennes par Boko Haram Guinée : images des violentes manifestations à Conakry Les Comores, jardin du parfum le plus vendu au monde Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter « Le climat xénophobe affecte toutes les couches de l'Afrique du Sud » Afrique du Sud : manifestation contre le racisme à Durban Côte d'Ivoire : « l'entrepreneuriat est la véritable solution contre le chômage des jeunes » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le Burundi coupe la radio la plus populaire du pays Comprendre le jeu politique en Côte d’Ivoire en 4 minutes « Le paludisme, c'est aussi 12 milliards de dollars perdus chaque année par l'Afrique » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Une étude inédite entend connaître les habitudes des homosexuels en Afrique Violences xénophobes en Afrique du Sud En Côte d'Ivoire, le reggaeman Alpha Blondy devient conteur Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pire que prévu. Le géant japonais de l'électronique Sony, qui avait dit vouloir réduire de 1 000 personnes ses effectifs dans sa filiale de mobiles, a annoncé mercredi que le total de postes supprimés atteindrait finalement 2 100 d'ici à la fin de l'exercice 2015-2016.La première tranche, qui correspondait à 15 % du personnel, avait été décidée en septembre. Le tout reviendra donc à réduire de quelque 30 % le nombre total d'employés de Sony Mobile Communications pour tomber à environ 5 000 salariés à la fin de mars 2016, si l'on se réfère aux chiffres donnés par le patron de Sony, Kazuo Hirai, l'an passé.Sony a précisé que cette diminution de la main-d'œuvre lui coûterait 30 milliards de yens (224 millions d'euros) répartis sur deux exercices, mais qu'à partir de 2016-2017 cela permettrait une économie de 90 milliards de yens.RECENTRAGE SUR LES ÉTATS-UNIS, LE JAPON OU LA FRANCEConfronté à une concurrence très vive sur le segment des smartphones, le groupe est en train de revoir les zones de commercialisation de ses appareils ainsi que la constitution de sa gamme pour ne pas se ruiner dans des batailles impossibles à gagner, notamment sur les marchés comme la Chine, où le combat face à des fabricants locaux est infernal.Sony, maison fondée par Akio Morita, n'en finit pas de prendre des décisions drastiques à l'égard de plusieurs de ses activités (TV, PC, etc.) afin de tenter de renouer durablement avec les profits. Le groupe préfère ainsi se concentrer sur les pays comme les Etats-Unis, le Japon ou la France où sont appréciés ses smartphones haut de gamme Xperia, via des partenariats avec les opérateurs, même si ces modèles y affrontent ceux du sud-coréen Samsung et de l'américain Apple. Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Exhumation de Sankara : « Ça nous renvoie à la tragédie » Nouvelles manifestations au Burundi Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Macédoine : les habitants décrivent la violence des combats Ebola : comment peut-on affirmer que l’épidémie est terminée au Liberia ? Mémorial ACTe : les Guadeloupéens, entre fierté et scepticisme Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burundi : gaz lacrymogènes et tirs de sommation face aux manifestants Hollande en Haïti tente d’apaiser la polémique sur la dette Macédoine : les habitants décrivent la violence des combats Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Djibouti tente de faire face à un afflux de réfugiés en provenance du Yémen Tirs à balles réelles lors de manifestations au Burundi Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ebola : comment peut-on affirmer que l’épidémie est terminée au Liberia ? Mémorial ACTe : les Guadeloupéens, entre fierté et scepticisme Exode des Burundais : "Les réfugiés fuient les menaces et les intimidations" Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Exhumation de Sankara : « Ça nous renvoie à la tragédie » Nouvelles manifestations au Burundi Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Exhumation de Sankara : « Ça nous renvoie à la tragédie » Nouvelles manifestations au Burundi Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Exhumation de Sankara : « Ça nous renvoie à la tragédie » Nouvelles manifestations au Burundi Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Enrico Macias se dit "orphelin" de l'Algérie Affrontements meurtriers au Burundi Chronique d’Alain Frachon : fallait-il intervenir en Libye? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Au Botswana, le dilemme de la chasse aux éléphants Le Congo interdit le voile intégral « pour prévenir tout acte de terrorisme » « Certains observateurs internationaux ont été payés directement par Faure » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter « Certains observateurs internationaux ont été payés directement par Faure » L'Afrique invente l'imprimante 3D à base de déchets informatiques L'armée s'exprime sur les soupçons de viols en Centrafrique Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Enrico Macias se dit "orphelin" de l'Algérie Affrontements meurtriers au Burundi Chronique d’Alain Frachon : fallait-il intervenir en Libye? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L'Afrique invente l'imprimante 3D à base de déchets informatiques L'armée s'exprime sur les soupçons de viols en Centrafrique Hollande sera « implacable » si les viols en Centrafrique sont avérés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Au Botswana, le dilemme de la chasse aux éléphants Le Congo interdit le voile intégral « pour prévenir tout acte de terrorisme » « Certains observateurs internationaux ont été payés directement par Faure » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Accusations de viol en Centrafrique : « On est dans quelque chose de très irrationnel » En 2014, le Zimbabwe a vendu plus de 43 000 peaux de crocodiles Les Burundais ont « peur de voir la capitale s’embraser » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Djibouti tente de faire face à un afflux de réfugiés en provenance du Yémen Tirs à balles réelles lors de manifestations au Burundi Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nouvelles manifestations au Burundi Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Djibouti tente de faire face à un afflux de réfugiés en provenance du Yémen Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L'Afrique invente l'imprimante 3D à base de déchets informatiques L'armée s'exprime sur les soupçons de viols en Centrafrique Hollande sera « implacable » si les viols en Centrafrique sont avérés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Djibouti tente de faire face à un afflux de réfugiés en provenance du Yémen Tirs à balles réelles lors de manifestations au Burundi Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Enrico Macias se dit "orphelin" de l'Algérie Affrontements meurtriers au Burundi Chronique d’Alain Frachon : fallait-il intervenir en Libye? Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Djibouti tente de faire face à un afflux de réfugiés en provenance du Yémen Tirs à balles réelles lors de manifestations au Burundi En Namibie, les domestiques devraient voir doubler leurs revenus Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Accusations de viol en Centrafrique : « On est dans quelque chose de très irrationnel » En 2014, le Zimbabwe a vendu plus de 43 000 peaux de crocodiles Les Burundais ont « peur de voir la capitale s’embraser » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En Namibie, les domestiques devraient voir doubler leurs revenus Ouganda : une chanteuse encourt dix ans de prison pour avoir montré ses fesses dans un clip La Côte d'Ivoire ouvre les portes de sa première chocolaterie Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Djibouti tente de faire face à un afflux de réfugiés en provenance du Yémen Tirs à balles réelles lors de manifestations au Burundi Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter En 2014, le Zimbabwe a vendu plus de 43 000 peaux de crocodiles Les Burundais ont « peur de voir la capitale s’embraser » Burundi : les combats font rage Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Les Burundais ont « peur de voir la capitale s’embraser » Burundi : les combats font rage Burundi : l’intervention radiophonique du général Godefroid Niyombare Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ouganda : une chanteuse encourt dix ans de prison pour avoir montré ses fesses dans un clip La Côte d'Ivoire ouvre les portes de sa première chocolaterie Au Liberia, la souffrance des survivants d’Ebola Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Exhumation de Sankara : « Ça nous renvoie à la tragédie » Nouvelles manifestations au Burundi Burkina Faso : la veuve de Thomas Sankara demande « la vérité » sur son assassinat Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Accusations de viol en Centrafrique : « On est dans quelque chose de très irrationnel » En 2014, le Zimbabwe a vendu plus de 43 000 peaux de crocodiles Les Burundais ont « peur de voir la capitale s’embraser » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter L'Afrique invente l'imprimante 3D à base de déchets informatiques L'armée s'exprime sur les soupçons de viols en Centrafrique Hollande sera « implacable » si les viols en Centrafrique sont avérés Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Affrontements meurtriers au Burundi Chronique d’Alain Frachon : fallait-il intervenir en Libye? Au Botswana, le dilemme de la chasse aux éléphants Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Journaliste Nouvelles TechnologiesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mode : les créateurs africains courtisent les hommes Ethiopie : trente ans après la famine, le nord retrouve des couleurs Nfamara, migrant sénégalais : « Je repartirai en Europe, malgré les dangers » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Libéria : les chimpanzés en danger Mode : les créateurs africains courtisent les hommes Ethiopie : trente ans après la famine, le nord retrouve des couleurs Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mode : les créateurs africains courtisent les hommes Ethiopie : trente ans après la famine, le nord retrouve des couleurs Nfamara, migrant sénégalais : « Je repartirai en Europe, malgré les dangers » Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sénégal : et si on surfait à Dakar ? En Tanzanie, les tout-petits apprennent à compter grâce à un dessin animé Afrique du Sud : la success story d’une bière artisanale de Soweto Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Afrique du Sud : la success story d’une bière artisanale de Soweto Voici à quoi ressemble le nouveau canal de Suez Un « car rapide » de Dakar en plein coeur de Paris Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cameroun : «  A Douala, nous ne sommes plus à l’abri des attentats » Des chiens pour lutter contre le braconnage des rhinocéros d’Afrique du Sud Somalie : au moins treize morts dans un attentat contre un hôtel Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nfamara, migrant sénégalais : « Je repartirai en Europe, malgré les dangers » Le lion fait son grand retour au Rwanda Une journée avec les évangélistes franciliens Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Une journée avec les évangélistes franciliens Comprendre le renouveau chrétien en Afrique en 6 minutes Agression sexuelle sur enfants au Burkina: la colère du père d’une fillette Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Tour de France 2015 : l’Afrique dans la boucle Attentat en Tunisie : une minute de silence sur la plage Cameroun : l’opposant Maurice Kamto met en garde contre une crise post-électorale en 2018 Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Le lion fait son grand retour au Rwanda Une journée avec les évangélistes franciliens Comprendre le renouveau chrétien en Afrique en 6 minutes Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ebola réapparaît au Liberia, trois mois après le dernier cas Mali: les habitants de Tombouctou reconstruisent les mausolées détruits par des djihadistes en 2012 Le procureur général d'Egypte tué dans un attentat Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Tour de France 2015 : l’Afrique dans la boucle Attentat en Tunisie : une minute de silence sur la plage Cameroun : l’opposant Maurice Kamto met en garde contre une crise post-électorale en 2018 Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Malawi : les autorités durcissent le ton face aux tueurs d’albinos. Au Cameroun, on s'intoxique avec les « allumé allumé », combustibles plastiques bon marché Ebola réapparaît au Liberia, trois mois après le dernier cas Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ethiopie : trente ans après la famine, le nord retrouve des couleurs Nfamara, migrant sénégalais : « Je repartirai en Europe, malgré les dangers » Le lion fait son grand retour au Rwanda Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alger, une ville en fête pendant le ramadan Nigeria : deux ados créent un navigateur Web Libéria : les chimpanzés en danger Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Un « car rapide » de Dakar en plein coeur de Paris Cameroun : «  A Douala, nous ne sommes plus à l’abri des attentats » Des chiens pour lutter contre le braconnage des rhinocéros d’Afrique du Sud Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Tour de France 2015 : l’Afrique dans la boucle Attentat en Tunisie : une minute de silence sur la plage Cameroun : l’opposant Maurice Kamto met en garde contre une crise post-électorale en 2018 Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Une journée avec les évangélistes franciliens Comprendre le renouveau chrétien en Afrique en 6 minutes Agression sexuelle sur enfants au Burkina: la colère du père d’une fillette Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) La startup Lending Cluble, pionnier américain du prêt entre particuliers sur Internet, a levé 870 millions de dollars avec son entrée à la Bourse de New York, selon les conditions définitives de l'opération communiquées dans la soirée du mercredi 10 décembre. La levée de fonds pourrait même atteindre le milliard de dollars en cas d'exercice (possible dans les 30 jours) d'une option de surallocation portant sur 8,7 millions d'actions supplémentaires.Le prix retenu pour l'introduction en Bourse, qui valorise l'ensemble de l'entreprise à 5,4 milliards de dollars, est en outre supérieur à la fourchette prévue jusqu'ici de 12 à 14 dollars, déjà relevée en début de semaine par rapport au prix initialement envisagé de 10 à 12 dollars. Cela suggère un fort intérêt des investisseurs.Fondateur de Lending Club,Renaud Laplanche a adopté le style vestimentaire de la Silicon Valley : chemisette et jeans. Installé dans la région depuis près de dix ans, ce Français de 44 ans dirige Lending Club. « Je me sens plus proche de la philosophie de Google que de celle des banques », indique-t-il lorsqu'il nous reçoit fin juillet dans les bureaux de la société qu'il a fondée en 2006. Comme un symbole, ces locaux sont situés dans le South of Market (SoMa), le quartier des start-up technologiques à San Francisco, qui abrite aussi Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Uber. Et non dans le Financial District voisin, où est notamment basée Wells Fargo, la première banque américaine par la capitalisation boursière.CONSÉCRATIONHuit ans après ses débuts, Lending Club connaît donc la consécration avec cette introduction sur le New York Stock Exchange (NYSE). Mais pour Renaud Laplanche, ce n'est « qu'une simple étape dans la croissance de la société ».« Opérer en tant que société cotée est un signal fort pour dire que la plate-forme sera là sur le long terme pour transformer le système bancaire », poursuit-il.Lending Club est née en 2006. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, ce diplômé d'HEC vient tout juste de quitter Oracle qu'il avait rejoint un an plus tôt, à l'occasion du rachat de sa première société, TripleHop Technologies, par le géant américain des logiciels d'entreprises. Créée en 1999, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, TripleHop avait conçu un moteur de recherche interne, d'abord destiné aux cabinets d'avocats, puis adopté dans d'autres secteurs d'activité, notamment par de grands médias américains.« Au départ, cela devait être un congé sabbatique compris entre six mois et un an pour voyager, se souvient M. Laplanche. Mais après quinze jours, j'ai eu l'idée de Lending Club. » C'est un relevé de carte de crédit qui en est à l'origine. « Je me suis aperçu que le taux d'intérêt était de 18 %, raconte-t-il. J'ai ensuite ouvert un relevé de compte d'épargne sur lequel je gagnais un peu moins d'1 %. Quand vous êtes un entrepreneur et que vous voyez un tel écart de taux, c'est qu'il doit y avoir une inefficience du marché quelque part. »Pour réduire cet écart, M. Laplanche veut alors mettre en relation les particuliers qui épargnent avec ceux qui ont besoin d'argent. « Il était déterminé à imposer un modèle nouveau à une époque où quasiment personne ne parlait encore de l'économie du partage, se remémore Loïc Le Meur, qui a investi dans la société. Mais il avait cette capacité à n'écouter personne et à se lancer dans un monde qui n'était pas le sien. » L'entrepreneur commence d'abord sur Facebook mais il est contraint, un an plus tard, de fermer boutique pendant six mois en attendant l'aval de la SEC.GOOGLE AU CAPITALDébut 2010, Lending Club passe le cap des 100 millions de dollars prêtés. Depuis, la croissance ne se dément pas. Fin 2012, la société franchit la barre du milliard. Au 30 septembre, elle était à plus de 6,2 milliards de dollars, dont près de la moitié depuis le début de l'année. « Le volume des prêts double chaque année », indique M. Laplanche, qui assure limiter volontairement cette croissance pour mieux gérer le développement de l'entreprise. « Nous sommes quatre à cinq fois plus gros que nos rivaux et nous continuons de croître plus rapidement, ajoute-t-il. Il existe un vrai avantage à être le leader du marché, un peu comme cela avait été le cas pour eBay avec les enchères en ligne. »La plate-forme permet aujourd'hui d'emprunter jusqu'à 35 000 dollars, remboursables sur deux, trois ou cinq ans. La moyenne s'établit à un peu plus de 14 000 dollars. Les taux d'intérêt débutent à 6,8 % pour les profils les moins risqués. Ils peuvent atteindre jusqu'à 30 %. La moyenne se situe à 14 %. Le recours à Lending Club est avantageux pour les personnes déjà endettées, qui doivent par exemple rembourser les achats effectués avec leurs cartes de crédit, à des taux pouvant dépasser les 20 %. Cela représente plus de 80 % des prêts accordés sur le site.« Nous utilisons beaucoup de données en ligne et auprès des agences d'évaluation du crédit pour identifier les clients potentiels, des personnes qui ont une bonne qualité de crédit, un emploi stable mais qui paient trop pour rembourser leurs encours », explique M. Laplanche. Ne reste plus qu'à les démarcher en leur faisant miroiter d'importantes économies. C'est la formule magique derrière le succès de Lending Club.80 000 ONT ÉTÉ SÉDUITSCôté investisseurs, la plate-forme en a séduit près de 80 000. Ils ont perçu 595 millions de dollars d'intérêts. Le service n'est pas ouvert à tout le monde : il faut respecter des conditions de ressources et de patrimoine. Les investisseurs peuvent choisir entre sept catégories de risque, avec des taux qui varient dans le même sens. Pour limiter les pertes potentielles, Lending Club « titrise » les emprunts : ce n'est pas un seul particulier qui prête 10 000 dollars à un autre, mais plusieurs centaines qui prêtent chacun quelques dizaines de dollars.« La diversification représente la principale protection pour nos investisseurs », indique M. Laplanche, alors que la société revendique 99,9 % de retours positifs sur investissement lorsque la somme est allouée sur au moins 100 prêts. Une fois pris en compte les défauts de paiement – qui concernent un peu moins de 4 % des emprunteurs – et les commissions, le rendement annuel moyen s'élève à 7,2 %. « La plupart de ceux, dans le monde de la finance, qui vous déconseillent d'investir sur Lending Club ne vous font pas gagner 7 % par an », note M. Le Meur, qui a investi « plusieurs millions de dollars sur la plate-forme ».Lending Club a connu en mai 2013 un formidable coup de projecteur avec l'arrivée dans son capital de Google. Le géant du Web a injecté 125 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'un de ses deux fonds d'investissements. « Nous avons beaucoup appris de Google, assure M. Laplanche. Ils nous ont donné énormément de conseils en matière de sécurité et de marketing. »Six mois plus tard, c'était au tour du milliardaire russe Yuri Milner, qui s'est fait un nom ces dernières années dans la Silicon Valley en investissant dans Facebook, Twitter, Zynga, Airbnb ou encore Groupon. La société a aussi attiré de grands noms du capital-risque américain, comme les fonds Kleiner Perkins et Union Square Ventures. Depuis 2007, elle a ainsi levé près de 400 millions de dollars pour assurer son développement.TRANSFORMER LE SYSTÈME BANCAIRE TRADITIONNELPour accroître sa réputation, Lending Club a également recruté des grands noms. Son conseil d'administration compte ainsi parmi ses membres John Mack, ancien PDG de la banque Morgan Stanley, Larry Summers, secrétaire au Trésor sous la présidence de Bill Clinton, et Mary Meeker, analyste vedette du secteur Internet. « Lending Club a le potentiel pour profondément transformer le système bancaire traditionnel au cours des dix prochaines années », s'enthousiasmait, fin 2012, M. Summers.« L'objectif, ce n'est pas de remplacer les banques, affirme M. Laplanche. Nous pensons que nous pouvons nous allier avec elles pour participer à l'évolution du système. » La société travaille ainsi avec plusieurs établissements bancaires, qui investissent l'épargne de leurs clients sur la plate-forme. Ils proposent aussi des prêts Lending Club à leurs clients. « Nous avions débuté avec des petites banques locales, mais nous avons récemment conclu des partenariats avec des établissements de plus grande taille », explique l'entrepreneur.Lending Club commence aussi à se diversifier. En mars, la société a ouvert sa plate-forme aux petites entreprises, leur permettant d'emprunter jusqu'à 100 000 dollars. Le mois suivant, elle a racheté Springstone Financial, spécialisé dans les prêts étudiants et de santé. Mais elle ne prévoit pas encore de s'implanter en dehors des Etats-Unis.Lire aussi : Finance participative : les apprentis banquiers sont à la fêteJérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde Le syndicat allemand des services Verdi a appelé les salariés d'Amazon à se mettre à nouveau en grève à partir de lundi sur cinq sites du géant américain du commerce en ligne en Allemagne. Verdi réclame depuis plusieurs mois à Amazon une revalorisation des salaires et une amélioration des conditions de travail et avait déjà organisé un mouvement de grève en avril et en décembre 2013. Lire (édition abonnés) : La grève des salariés allemands d’Amazon s’étend avant les fêtes de fin d’annéeLe conflit se fonde sur un désaccord entre le syndicat et la société américaine au sujet de la convention collective à appliquer. Verdi considère que les salariés doivent être soumis au régime de la vente par correspondance tandis qu'Amazon affirme que ses employés effectuent un travail de logistique et perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne pratiquée dans ce secteur.NEUF MILLE SALARIÉSDans un communiqué, Verdi précise que les employés des centres de distribution de Bad Hersfeld, Leipzig et Graben sont appelés à cesser le travail de lundi à mercredi tandis que l'appel à la grève sur les sites de Werne et Rheinberg porte sur les journées de lundi et mardi.Amazon emploie au total 9 000 salariés dans neuf entrepôts en Allemagne, son marché le plus important derrière les Etats-Unis, ainsi que 14 000 saisonniers. Le groupe a publié jeudi des résultats qui ont déçu les analystes financiers à tous les niveaux et le groupe de Jeff Bezos a vu sa capitalisation fondre en quelques heures de plus de 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) vendredi.Lire (édition abonnés) : Amazon affiche des pertes record Confirmant des rumeurs qui circulaient depuis le week-end, IBM a indiqué lundi 2 octobre qu'il allait payer 1,5 milliard de dollars (1,17 milliards d'euros) au spécialiste des semi-conducteurs GlobalFoundries pour que ce dernier reprenne ses activités - déficitaires - de fabrication de puces électroniques. Cette cession coûtera au total près de 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) au géant informatique américain, qui a inventé l'ordinateur personnel (PC) au début des années 80. L'activité puces électroniques pesait l'année dernière 2,5 milliards de dollars dans les comptes d'IBM, selon des estimations d'analystes, sur 100 milliards de chiffre d'affaires.Mais IBM ne se désengage pas totalement de cette branche et conservera une activité de conception de puces. Celles-ci sont en effet centrales pour les processeurs destinés à l'analyse des données de masse (big data), dans laquelle IBM investit de plus en plus. La firme a annoncé le lancement, au début de l'été, d'un programme d'investissement de 3 milliards de dollars sur cinq ans, pour travailler sur la miniaturisation des puces.De son côté, GlobalFoundries s'engage à fournir en exclusivité à IBM une gamme de microprocesseurs pour serveurs durant dix ans.Outre la fabrication de microprocesseurs, qui inclut les ex-PowerPC, des puces dont étaient autrefois équipés les ordinateurs d'Apple et également utilisées dans des consoles de jeux comme la Xbox de Microsoft, IBM va céder à GlobalFoundries son activité de « microélectronique commerciale », qui propose des composants optimisés pour des applications spécifiques.L'accord conclu entre les deux groupes prévoit que GlobalFoundries va acquérir des usines et autres installations d'IBM situées dans le nord-est des Etats-Unis, ce qui fera de ce groupe installé aux Etats-Unis mais détenu par un fonds souverain d'Abou Dhabi, le premier fabricant de microprocesseurs dans cette partie du pays. Cette opération va également lui donner la main sur un large portefeuille de brevets déposés par IBM.Pour Frank Gillett, analyste chez Forrester, cette scission permettra à IBM de « concentrer ses ressources financières sur la conception des semi-conducteurs » : « le processeur Power est central dans la stratégie d'IBM pour fournir aux entreprises un service client optimal, qui s'appuie sur l'analyse des données et la fourniture de capacités cognitives de traitement de l'information s'appuyant sur Watson », ce super calculateur capable de jouer - et gagner - à Jeopardy.RECENTRAGE SUR LES SERVICESAttendue par les analystes, cette opération est dans le droit fil de la statégie actuelle des constructeurs informatiques américains « historiques », qui se désengagent progressivement du « hardware », sur lequel ils sont de moins en moins compétitifs au regard de la concurrence étrangère, pour se consacrer aux « nouveaux marchés », essentiellement l'informatique dématérialisée. Avec une marge tournant autour des 40 %, cette activité est nettement plus rentable que la fabrication de composants. Le « big data » représentait 16 milliards de dollars dans l'activité d'IBM en 2013. Quant au « cloud », il pèsait 4,4 milliards. Ce virage, bien que tardif comparé à d'autres acteurs du secteur, devra sauver IBM, qui a publié, au même moment, des résultats décevants pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s'est notamment effondré, à 18 millions de dollars, contre un peu plus de 4 milliards l'année précédente. Le chiffre d'affaires a reculé de 4 %, à 22,4 milliards de dollars (17,16 milliards d'euros). L'action IBM a violemment dévissé à l'ouverture de Wall Street lundi, le titre perdant 7,2 % peu après le début des échanges.Après avoir cédé la plupart de ses activités industrielles - la fabrication de PC et les serveurs entrée de gamme ont été cédés au chinois Lenovo - IBM continue de payer le prix fort pour la restructuration de ses activités et de ses effectifs autour de la fourniture de services.La semaine dernière, IBM et le spécialiste allemand du progiciel SAP ont annoncé avoir noué un partenariat pour développer le recours au cloud (informatique dématérialisée) dans les entreprises. Cet accord fait de SAP le fournisseur stratégique de services d'infrastructure cloud. Cette mutualisation des offres devrait permettre aux deux entreprises de dégager des synergies et d'améliorer encore leurs marges. Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba entre en Bourse. C'est un événement ! Mais pas forcément pour les raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay. Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises en occident.Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip, son concurrent eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY, et Sina, l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également Youku Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com ou le fournisseur de contenu Phoenix New Media, qui eux, sont inscrits au Nyse.VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILESNon, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer, via AliExpress, des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant, Baidu, est déjà présent au Brésil…Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il faut le répéter. Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux, des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des coupons ou des codes à barre.Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent… Or, une des voies royales du e-commerce, en Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que vendre aux consommateurs.C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la Chine et le Japon. Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles mises en place dans WeChat. BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen, Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les combinés. Pendant ce temps, Xiaomi pousse ses pions en Asie du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait bientôt arriver.Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage des Google, Facebook ou Twitter, la surveillance tatillonne des politiques commerciales de Microsoft et d'Apple…) et de l'autre une relative bienveillance quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés : banque, assurance, santé.Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao peuvent à la fois être assurés, recevoir des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à coups d'acquisitions.Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas) Alibaba, le groupe chinois de commerce en ligne, dévoilera jeudi 18 septembre après la clôture de la Bourse de New York (vers 20 heures GMT) le prix de vente de son action pour ses premiers pas à Wall Street.L'introduction en Bourse de la success-story chinoise - sous le sigle « baba » - est considérée comme l'opération de l'année à Wall Street et elle suscite encore davantage d'attrait auprès des financiers que ne l'espéraient les dirigeants du groupe chinois.Le niveau de la demande pour les titres du géant du commerce en ligne a été tel, que celui-ci a relevé, lundi 15 septembre, entre 66 et 68 dollars (52 euros) le prix de chaque action, contre une fourchette de 60 à 66 dollars auparavant.Cette réévaluation devrait permettre de lever au total 21,8 milliards de dollars lors de l'introduction en Bourse. Au cas où les banques d'affaires sélectionnées par l'empire du e-commerce décideraient d'utiliser une option leur permettant d'acquérir davantage d'actions, l'opération pourrait s'élever à 25 milliards de dollars.Cela en ferait la plus importante entrée sur un marché boursier de l'histoire, devant les 22,1 milliards de dollars obtenus par la Banque agricole de Chine au cours de l'été 2010 à Hongkong.>> Lire aussi : Alibaba, l’épopée qui mène à Wall Street (en édition abonnés)LES ACTIONNAIRES EN DERNIERLe frêle mais charismatique fondateur du groupe, Jack Ma, qui domine l'essentiel du commerce électronique chinois, a paradoxalement consacré une bonne partie de sa tournée mondiale de promotion de l'opération auprès des investisseurs potentiels à leur asséner un message : ils ne sont pas sa priorité. Dans le Financial Times, il écrivait le 5 septembre : « Les clients en premier, les employés en deuxième et les actionnaires en troisième. »M. Ma n'a jamais caché sa crainte de l'obsession des financiers pour les résultats trimestriels, tandis que, selon lui, l'investissement dans l'Internet requiert une stratégie au long cours. « Il signale simplement une approche différente de la vision à court terme qui est un standard chez certains dirigeants et investisseurs de Wall Street, mais il le dit depuis des années et c'est une part de cette culture que les investisseurs acquièrent sciemment », explique Duncan Clark, consultant en nouvelles technologies, basé à Pékin et connaissance de longue date de M. Ma.Dès qu'il a été question de l'introduction en Bourse de son groupe, Jack Ma a considéré qu'il fallait protéger le pouvoir de décision du groupe de proches qui, avec lui, a lancé son premier site de commerce électronique dans un appartement d'Hangzhou (est de la Chine) en 1999, ainsi que de la future génération de dirigeants, qui aura fait ses classes en interne.C'est pour cette raison qu'il a annoncé, à l'automne 2013, opter pour la Bourse de New York. L'option de Hongkong, longtemps étudiée, a été abandonnée. Cette place financière interdit l'émission d'actions sans pouvoir de vote, une procédure qui permet aux fondateurs d'une entreprise de l'introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. A New York, l'entourage de M. Ma pourra conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d'administration.MARATHON D'ACQUISITIONSLe message a le mérite d'être clair, juge Henrik Cronqvist, professeur de finance à l'Ecole de commerce sino-européenne de Shanghaï : « Les investisseurs craignent surtout l'incertitude, là ils sont fixés, personne ne les force à investir dans Alibaba si ça ne leur convient pas. »La réalité des fluctuations du cours de l'action, dès que parlera un analyste, contraindra malgré tout les dirigeants du groupe à se plier aux exigences des financiers, pense M. Cronqvist : « Les investisseurs vous imposent de les écouter, que vous le vouliez ou non. »>> Lire aussi : A la veille de son entrée en Bourse, le chinois Alibaba diversifie ses activitésProbablement est-ce la conscience de cette relative perte de liberté qui a poussé Alibaba à se lancer dans un marathon d'acquisitions en amont de l'introduction en Bourse. Ces derniers mois, Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) a annoncé des prises de participation dans Sina Weibo, le Twitter chinois, dans une plateforme chinoise comparable à Dailymotion, dans une société de production de vidéos de Hongkong détenant des droits sur la diffusion du football anglais sur le Web chinois ou encore dans le club de football de Canton.SON EMPIRE : « UN ZOO »M. Ma est conscient que de telles opérations seront plus compliquées à l'avenir. « Les investisseurs sont impressionnés par la croissance interne, organique, ils s'inquiètent au contraire dès qu'on leur parle d'une diversification hors de son industrie d'expertise car elle crée un nouveau risque », explique M. Cronqvist.Lorsque la tournée de promotion l'a mené à Hongkong, lundi 15 septembre, M. Ma a justifié ses investissements. Il voit son empire « comme un zoo qui accueille une multitude d'animaux, plus que comme une ferme qui n'en aurait qu'un seul », a relaté le Wall Street Journal.Mais à New York, devant 800 personnes, ou à Hongkong, devant 500 autres, ses futurs investisseurs voulaient surtout savoir où il ira chercher la croissance à l'avenir, alors que cette dernière ralentit en Chine et que la concurrence s'y développe.Avant le saumon fumé au Ritz Carlton de l'ancienne colonie britannique, il leur a fait part de ses ambitions : se développer aux Etats-Unis et en Europe. Il a rappelé son amour pour Hongkong mais a glissé que la place devrait changer ses règles à l'avenir, « pour son propre futur, parce que ce monde est en plein changement ».Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Le site de commerce en ligne eBay poursuit sa mutation à marche forcée. Asséché, le fleuve d'annonces pour des objets d'occasion à saisir à des prix défiant toute concurrence ; finie, l'attente angoissée les yeux rivés sur le compte à rebours d'une enchère placée sur une robe en rupture de stock partout ailleurs. Fondé en 1995 par le Franco-Iranien Pierre Omidyar, le groupe a de nouvelles ambitions.Pariant sur le shopping « inspirationnel » et la popularité des réseaux sociaux de photos comme le très en vogue Pinterest, la société vient de lancer, en France, une nouvelle fonctionnalité baptisée « Collections ». Elle permet de créer des « tableaux » virtuels pour composer une liste d'envies glanées au fil des recherches sur le site. Chaque « ebayeur », qu'il soit acheteur ou vendeur, particulier ou professionnel, peut en créer une ou plusieurs selon ses goûts, et s'abonner à celles qu'il trouve intéressantes, ou plutôt « inspirantes ».« LES COLLECTIONS SE CONVERTISSENT EN TRANSACTIONS »Ces tableaux, comme sur Pinterest, peuvent être publics ou privés et être partagés sur Twitter, Facebook ou… Pinterest. Disponible sur tablette, cette fonctionnalité sera accessible sur smartphone d'ici à la fin de l'année pour coller à l'essor des usages : 40 % des transactions réalisées sur eBay transitent en effet à un moment ou un autre par le mobile.Cette invitation à la flânerie virtuelle vise à renforcer le statut d'eBay en tant que « carrefour d'audience », explique Alexander von Schirmeister, vice-président pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, qui souhaite naturellement que « les collections se convertissent en transactions ». « La navigation à travers des collections fonctionne différemment de la navigation par mots-clés, explique-t-il, la collection a pour but de s'inspirer, mais aussi de faire monter le désir, de se dire qu'un jour on s'offrira tel ou tel produit. »Alors que le commerce en ligne continue à croître fortement (+ 13,5 % entre 2012 et 2013 en valeur, en France, selon les chiffres de la Fevad, le syndicat professionnel du secteur), eBay doit faire preuve d'inventivité pour se positionner face à la concurrence. Celle d'Amazon, bien sûr, malgré un modèle économique différent (Amazon achète et stocke) ; celle plus inattendue du Bon Coin, qui a aspiré une partie des petites annonces consacrées aux objets du quotidien, à des prix modérés, et de plus en plus rares sur eBay.LA FLÂNERIE QUI ATTIRE LES ANNONCEURSAvec ses 700 millions de produits disponibles à la vente, ce dernier restait, en 2013, le quatrième site de commerce en ligne le plus visité en France, mais son modèle a beaucoup évolué en dix ans.La part des ventes aux enchères est passée de 80 % au début des années 2000 à 25 % environ des transactions aujourd'hui. Les ventes à prix fixe sont devenues largement majoritaires et marquent le passage d'un site « transactionnel dur et froid à un site plus “inspirationnel” », où la part des amateurs se réduit rapidement au profit de celle des professionnels, explique M.von Schirmeister.De fait, les « places de marché » – où les vendeurs professionnels, petits ou gros, peuvent vendre sur un site marchand comme Amazon, Fnac, eBay, etc. – ont concentré, au premier semestre, un tiers de l'ensemble des transactions. « Les enchères ne sont pas adaptées à tous les produits, souligne M. von Schirmeister, la demande est de plus en plus forte pour le neuf, et en achat immédiat. » L'internaute ne peut plus passer des heures à « rafraîchir » une page pour surveiller une enchère ; il consacre moins de temps à ce type d'achat.Avec le lancement de la fonctionnalité Collections, « eBay fait tout ce que les sociétés du Net font quand elles atteignent une taille critique, explique Yannick Franc, manager chez Javelin Group. Elles mettent à profit leur trafic pour innover et se diversifier. » « Avant, on cherchait et on comparait les produits en ligne, ajoute-t-il, aujourd'hui, on surfe pour s'inspirer. »Flâner en ligne, c'est aller de page en page, être tenté de passer plus de temps sur le site, c'est donc autant de trafic généré en plus. De quoi attirer les annonceurs, même si eBay n'a pas prévu de monétiser les collections en tant que telles pour le moment.« La force d'eBay est de proposer un catalogue très large, souligne encore M.Franc, les Collections peuvent contribuer à valoriser cette offre et, si cette communauté vit, elle peut être un puissant facteur de développement. » Avec à la clé, du chiffre d'affaires en plus, bien sûr, mais aussi un critère de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel.Audrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La fronde du milieu de l'édition contre Amazon, géant de la distribution en ligne, a gagné en ampleur le week-end du 9 août, avec la publication aux Etats-Unis d'une lettre de protestation signée par 900 écrivains de renom. En France et ailleurs, les librairies « en dur » peinent à faire face à la concurrence de l'e-commerce. Quelles sont les racines du conflit ?Que reprochent les maisons d'édition à Amazon ?Le groupe est engagé depuis de longs mois dans une lutte avec l'éditeur français Hachette, qui refuse de baisser le prix de ses livres numériques sur le marché américain. Amazon, qui souhaitait imposer un prix unique de 9,99 dollars (7,50 euros) sur les livres électroniques d'Hachette, a en effet tout à y gagner, car cela lui permettrait d'inciter les lecteurs à utiliser sa liseuse électronique Kindle. Le site commence déjà à tirer les tarifs vers le bas : par exemple, le best-seller américain Gone Girl de Gillian Flynn est disponible, en version originale, à 5,98 euros en format Kindle sur Amazon, contre 7,80 euros sur le site de la Fnac (mais en format ePub, qui peut être lu sur plusieurs dispositifs différents, pas seulement sur le Kobo, la liseuse « maison »).Lire la synthèse : Aux Etats-Unis, 900 auteurs contre AmazonCe qui avait commencé comme un simple conflit commercial a peu à peu dégénéré et Amazon a pris des mesures de rétorsion contre la maison française : délais de livraison allongés, impossibilité d'effectuer des précommandes et suppression d'éventuelles réductions sur les livres.Un groupe de 900 écrivains, réunis sous la bannière « Authors united » a publié une double page dans le New York Times le week-end dernier pour dénoncer ces pratiques. Parmi eux, de grands noms de la littérature, comme Paul Auster, John Grisham, Stephen King, Donna Tartt, mais aussi la canadienne francophone Nancy Huston, qui donnent de l'écho au combat, qui concerne moins Hachette en particulier que la défense du rôle des maisons d'édition en général.Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L'e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu'une partie de son chiffre d'affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l'impact dans ses comptes sera donc faible, d'autant plus qu'elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.Mi-août, les écrivains allemands ont emboîté le pas à leurs confrères nord-américains : plus d'un millier d'entre eux ont signé une pétition en ligne critiquant les méthodes utilisées par le distributeur en ligne contre le groupe d'édition scandinave Bonnier, très présent en Allemagne. Parmi eux, Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature 2004. La dispute, sur laquelle ni Amazon ni Bonnier ne communiquent officiellement, porte manifestement sur les conditions commerciales.  Lire le compte-rendu : En Allemagne, les auteurs se mobilisent à leur tour contre AmazonPeut-on parler de concurrence déloyale ?Si le marché du livre électronique reste modeste (seulement 5 % du marché en France, mais plus de 20 % aux Etats-Unis), les ventes à distance (livres papier et électroniques) ne cessent de progresser : + 6 % en 2013 en France.Amazon s'est positionnée depuis la fin des années 1990 sur ce créneau en proposant une offre large, expédiée dans des délais très serrés. Mais la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre contraint les libraires à ne pas dépasser les 5 % de rabais, ce qui limite leur marge de manœuvre et ne leur permet pas de jouer sur les volumes de vente.Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l'a imitée. Ce dumping n'a pas été vu d'un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à... 1 centime d'euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. Sauf que l'attractivité d'Amazon ne tient pas seulement à sa volonté de proposer des prix bas, mais aussi, et surtout, à la taille de son catalogue et à ses moyens logistiques pour assurer une livraison rapide. Et sur ces points, les moyens déployés par Amazon sont effectivement disproportionnés par rapport à ceux des libraires indépendants, grâce notamment à une politique d'investissement massif dans les centres logistiques.Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu'elle devrait verser au vu de son chiffre d'affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu'elle bénéficie de fait d'un avantage concurrentiel injustifié.Lire le point de vue : Internet, bouc émissaire du marché du livreComment s'en sortent les distributeurs français de produits culturels ?Ancien hérault du cassage de prix, jusqu'à la promulgation du prix unique du livre en 1981, la Fnac tente de jouer à armes égales avec Amazon, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins et sur le Kobo, sa liseuse maison, adossée à sa propre plateforme de distribution de livres électroniques. L'agitateur culturel a publié des résultats positifs en début d'année, fruit de sévères mesures d'économie et d'un plan social. Le but : livrer aussi vite qu'Amazon tout en proposant des prix attractifs, et se diversifier sur d'autres produits (électroménager). La stratégie s'est avérée payante, à court terme.Au contraire, le réseau de librairies Chapitre, deuxième en France après la Fnac, a mis la clé sous la porte en début d'année. Constitué de librairies indépendantes regroupées pour mieux survivre, ce réseau a échoué à faire repartir son chiffre d'affaires et les 57 magasins ont été mis en vente pour les transformer en « réseau de librairies indépendantes ». La stratégie du groupe, qui a consisté à uniformiser les librairies en les faisant passer sous la toise de France Loisirs, n'a pas convaincu la clientèle de revenir. La France est-elle la seule à faire de la résistance ?Non. De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d'Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d'affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l'essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal. Pour survivre, Barnes & Noble vient d'annoncer avoir noué un partenariat avec Google sur la livraison, pour pouvoir acheminer plus vite les commandes grâce au service de messagerie Google Shopping Express.Le libraire a en outre laissé tomber sa liseuse Nook, et noué un partenariat avec Samsung pour proposer sa plateforme de livres numériques sur les tablettes du fabricant coréen. En cinq ans, Barnes & Noble a fermé une soixantaine de librairies aux Etats-Unis, mais a réussi à compenser le repli du chiffre d'affaires par des coupes dans ses dépenses. Reste à savoir combien de temps cette stratégie sera efficace.Lire la synthèse : Amazon : un business model en pleine évolutionAudrey Fournier Responsable éditoriale adjointe La MatinaleSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter